Togo : des OSC de 7 pays exigent la résiliation des APE et la Zlecaf, puis condamnent les microcrédits accordés aux populations
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La rencontre de la section Afrique du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM-Afrique) qui s’est tenue à Lomé du 7 au 9 septembre 2023, a pris fin avec des résolutions fortes. Les acteurs de la société civile des 7 pays (Bénin, Burkina Faso, Cameroun, Mali, Maroc, RDC et Togo) qui ont pris part à cette rencontre, ont adopté 5 résolutions et font 14 recommandations aux dirigeants africains.
Ces décisions fortes concernent entre autres les accords de partenariats économiques (APE), la zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), le franc CFA, les microcrédits accordés aux pauvres populations avec des taux d’intérêt énormes. D’autres aussi concernent les impacts des projets financés par la Banque africaine de développement (BAD).
Concrètement, la société civile africaine exhorte tous les dirigeants africains à répudier les dettes illégitimes, illégales, insoutenables et odieuses, et à refuser la poursuite des conditionnalités antisociales et néolibérales imposées par les institutions de Bretton Woods (FMI et BM) et la BAD.
Cette société civile exige la sortie des 14 Etats de l’Afrique de l’ouest et centrale du franc CFA, et la création de monnaies nationales avec des banques centrales nationales. Aussi, exhorte-t-elle les dirigeants africains à créer une ‘banque du sud’ comme alternative aux institutions financières internationales.
Autre chose, elle a demandé la remise en cause des accords dits de ‘partenariat économique’ et la Zlecaf qui, pour elle, sont « des accords coloniaux qui constituent un mécanisme de pillage extractiviste et de domination de nos pays par les multinationales ».
Les militants de la société civile refusent le système du microcrédit appliqué actuellement dans les pays africains. Ils disent que ce système accentue la pauvreté. Ils dénoncent également les harcèlements des institutions de la micro finance plus particulièrement contre les femmes. En lieu et place de ce système, ils exigent la mise en place d’un système de crédit public sans intérêt ou avec un taux proche de zéro, la création des emplois en augmentant les budgets d’investissement dans les secteurs publics, l’arrêt du démantèlement du service public (éducation et santé) et la renationalisation des entreprises publiques et les terres agricoles privatisées.
« Les entreprises obtiennent auprès des banques des prêts à un taux d’intérêt de 7%, les fonctionnaires et ONG les obtiennent à un taux de 11% et les Etats les obtiennent à un taux de 5%. Comment peut-on comprendre qu’on octroie des prêts aux pauvres populations à un taux de 25 à 34%, même au-delà ? Ce sont des taux usuriers », a lancé Broulaye Bagayoko, Secrétaire général de la section Afrique du réseau international CADTM.
A tout cela, il ajoute les pénalités de retard dans le remboursement ; dans la plupart des cas, dit-il, les femmes signent des contrats dont elles ignorent le contenu, les institutions de micro finance ne forment pas les femmes auxquelles elles octroient les prêts.
Les militants des 7 pays exigent des pays européens le paiement de leurs dettes climatiques aux pays africains, en guise, disent-ils, de réparations liées aux émissions de gaz à effet de serre.
En ce qui concerne les APE, ces hommes et femmes pensent qu’avec ces accords, l’industrialisation de l’Afrique ne sera jamais effective parce qu’elle (Afrique) va manquer de beaucoup de ressources. Ils n’en veulent pour preuve qu’avec ces accords, les pays africains voient des recettes douanières sur les produits des pays dits développés passées devant leur nez sans jamais y toucher.
Pour ce qui concerne particulièrement le Togo, ces militants ont plaidé pour un audit citoyen de la dette publique qui intégrera toutes les composantes de la société civile et les couches populaires du pays. Ils ont exigé que tous les documents relatifs à cette dette soient mis à disposition.