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Le colloque international des philosophes togolais à l’Université de Lomé (UL) a pris fin ce mardi avec un vibrant hommage à Adamah Ekué Adamah. Cet artiste plasticien et professeur d’esthétique philosophique des années 80 et 90 était singulier parce que distingué par sa tenue hors du commun et qui venait souvent en cours avec un lampion.
Tour à tour, le président du comité d’organisation du colloque, Gustav Ahadji, la famille Adamah, le chef de département de philosophie de l’UL, Bantchin Napakou, Prof. Komla Messan Nubukpo, ancien camarade et ami intime de l’illustre disparu, Prof. Togoata Ayayi Apedo-Amah, rédacteur de la revue ‘propos scientifique’, Michel Hoffer, ancien étudiant du philosophe et bien d’autres personnalités ont rendu hommage à feu Ekué Adamah. C’est en présence d’anciens ministres de l’enseignement supérieur et de la 2ème vice-présidente de l’UL, Kafui Kpegba.
A l’homme, on attribue une dimension humaine mystérieuse, quelqu’un qui avait un profond respect pour les us et coutumes des terroirs africains. C’était un éveilleur de conscience, un homme de parole et de la parole et un philosophe de son temps qui voulait à tout prix libérer la parole confisquée en ces temps-là (années 80 et 90 au Togo). Par le lampion, il voulait tout simplement dire aux étudiants que l’Africain ne fait rien de bon que récupérer l’irrécupérable.
« La disparition d’Ekué Adamah a laissé un vide qui n’a jamais été comblé au département de philosophie », a lancé le chef de département de philo qui se trouve être l’un des étudiants de ce philosophe.
L’une des filles du philosophe
Pour le président du comité d’organisation du colloque, il a réussi sa mission de transmission, la balle est aujourd’hui dans le camp de ceux qui ont été nourris à sa source.
Prenant la parole, le Prof. Nubukpo, ami intime de l’illustre disparu, a retracé la vie d’étudiant de l’Université du Bénin (aujourd’hui Université de Lomé) et de professeur d’Ekué Adamah et les situations qui l’ont amené à faire un AVC, accident qui lui a été finalement fatal en 2005. Selon lui, il recevait des appels de menaces sur son téléphone à la maison à cause des idées qu’il distillait dans les étudiants. On lui disait au téléphone, a-t-il ajouté, qu’on lui règlerait son compte.
« Lui qui parlait et les amphithéâtres tremblaient, il avait plein de trous de mémoires et de la difficulté à retrouver les mots et à les agencer. Pour quelqu’un qui vivait du verbe et maniait la langue, mettre les idées les plus complexes à la portée des étudiants, il a trainé ce mal pendant des années. C’était un héros qui s’imposait face aux menaces et qui tenait la route quelles que soient les difficultés. Il nous a enseignés de très profondes leçons, le don de soi, la fermeté devant le danger, savoir qu’on prend un risque qui va aider à la promotion du bien commun. Que son esprit vive dans ses étudiants », a-t-il narré.
Feu Adamah Ekué Adamah a laissé derrière lui 4 filles que sa femme Elisabeth Adamah (elle aussi enseignante à l’université) lui a données. En 2022, 3 livres ont été publiés à titre posthume en son nom.